Chasse à mort by Arlidge M. J

Auteur:Arlidge, M. J. [Arlidge, M. J.]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: 12/21 Éditions
Publié: 2021-01-16T12:58:49+00:00

22

— Qui est-ce ?

Gary Raynor leva les yeux vers le plafond ; il n’était pas décidé à répondre à la question de Whittaker. Les deux hommes étaient reclus dans la salle d’interrogatoire depuis plus d’une heure déjà. Jusqu’à présent le fermier taciturne refusait de coopérer. Il répétait à l’envi qu’il était un citoyen respectueux des lois qui avait été arbitrairement agressé par un policier.

Helen suivait toute la procédure. Après avoir quitté le centre médical, elle s’était rendue aussitôt au commissariat central de Southampton, faisant une croix définitive sur quelques heures de sommeil pour cette nuit-là. Les officiers de la Brigade criminelle l’avaient accueillie un peu froidement et l’avaient félicitée sans enthousiasme pour son acte. C’était elle qui avait arrêté l’homme qu’eux étaient censés appréhender. Ils l’avaient tout de même autorisée à assister à l’interrogatoire de Raynor, de l’autre côté du miroir sans tain. Helen choisit d’y voir une forme de gratitude pour sa contribution.

— On peut faire ça toute la journée, poursuivit Whittaker, en fusillant Raynor du regard. Et demain. Et après-demain aussi, si vous voulez.

— Je serai sorti d’ici bien avant.

— Vous croyez ? Vous êtes accusé d’enlèvement, de séquestration illégale, de tentative de meurtre…

— N’importe quoi !

— Lâcher des chiens sur un individu, vous appelez ça comment ? Le pourchasser jusqu’à sa mort ?

Cette dernière tirade fit taire Raynor. Whittaker profita de son avantage.

— Nous ajouterons peut-être même une accusation de cruauté envers les animaux. Les jurés détestent ça.

Raynor détourna la tête une fois de plus mais Helen devina que Whittaker avait touché juste.

— Vous encourrez une longue peine de prison. Ce qu’il y a, voyez-vous, c’est que ce n’est pas vous que je veux.

Une pause. Raynor reporta son attention sur Whittaker.

— Vous n’êtes que le client. Je cherche le fournisseur.

Le regard fixe, Raynor sembla soupeser les possibilités à sa disposition.

— Nous savons que ces hommes ne sont pas les seuls clandestins amenés ici. Ils font partie d’une opération bien plus vaste. Alors j’aimerais connaître l’identité de celui à qui vous les avez achetés. Je veux savoir où, quand, comment et combien de fois vous avez fait appel à ses services.

De l’autre côté du miroir, Helen regarda Whittaker se pencher en avant pour finir d’acculer le suspect.

— Je veux tout savoir, conclut le commandant de police.

Un long silence s’ensuivit pendant lequel Whittaker attendit une réponse. Helen vit un changement s’opérer dans l’expression de Raynor. L’homme paraissait moins confiant, moins sûr de lui.

— Bon, écoutez, j’aimerais bien vous aider mais je peux pas, finit-il par bégayer.

— Bien sûr que si. De mon point de vue, vous n’avez pas vraiment le choix.

— Je prends le risque quand même.

— De passer les dix prochaines années derrière les barreaux ? Qui s’occupera de votre ferme ? Ce serait dommage de laisser la propriété à l’abandon. Depuis combien de temps est-elle dans votre famille ? Trois générations ?

Raynor haussa les épaules.

— Et votre fils ? Je sais qu’il ne vit pas avec vous, mais vous croyez que ça lui plaira de voir son père en taule ?

Raynor baissa le regard, empli de honte à cette idée.

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